Eaxyr ouvrit difficilement les yeux. Un plafond, pour ce qu'il pouvait en juger, malgré le flou total de sa vision. Que faisait donc un plafond au dessus de lui ? Il n'était pourtant pas entré dans une maison, si ? Non, il s'en serait souvenu, tout de même... Dans ce cas, il devait découvrir ce que faisait ce plafond ici, et le renvoyer chez lui illico ! Il leva le bras pour le repousser, ou plutôt tenta de le faire. A peine avait-il remué le bout d'un doigt qu'une souffrance fulgurante lui envahit le bras entier. Il se retint de ne pas pousser un cri de douleur et serra les dents, des larmes perlant au bord de ses yeux.
* Donc, conclut-il avec beaucoup de finesse, je suis blessé au bras. Mais pourquoi ? Qu'est-ce qu'il s'est donc passé pour que je me retrouve blessé et dans une maison ?"
Tout lui revint soudainement. Le désert, l'être mystérieux, et sa blessure. Son évanouissement lorsque des gens l'avaient tiré de là. Et il se trouvait maintenant chez eux, s'il ne se trompait pas. Il redressa doucement la tête, veillant à ne pas bouger son bras blessé. Quelqu'un le vit sans doute remuer et s'approcha du lit où il se trouvait.
"Ca y est ? On se réveille ? Vous avez drôlement de la chance que nous soyons passés par là, sinon vous y passiez, sans l'ombre d'un doute. Mais qu'est-ce que vous avez bien pu faire aux déesses pour vous retrouver dans une situation comme celle-là ? Enfin, ce pieu n'est tout de même pas soudainement sorti de terre, non ?"
Le sheikah ouvrit la bouche pour parler, mais sa gorge était trop sèche pour laisser passer le moindre son. Il porta sa main valide à sa gorge. Son hôte le comprit, alla chercher un verre d'eau et l'aida à avaler quelques gorgées. Eaxyr réussit ensuite à articuler :
"Un être... noir... Désert... avant, volé... mon fouet... chez les zoras... voulais le récupérer... mais piégé... poussé sur... le pieu... Sans vous... merci... beaucoup. Si je... peux vous aider... dites-le moi."
L'homme ouvrit des yeux ronds en entendant les bribes de phrases d'Eaxyr.
"L'Ombre ? L'Ombre vous a attaqué ? Et vous êtes encore en vie ? Eh bien dites donc, vous pouvez vous vanter d'être un sacré chanceux. Je ne sais pas ce qu'est cette histoire de fouet, mais vous devriez abandonner l'idée de le récupérer, c'est moi qui vous le dis. La prochaine fois, vous y laisserez votre peau, ça c'est sûr ! On n'échappe pas deux fois à l'Ombre."
Il remarqua seulement alors que le jeune sheikah était épuisé, et devait avant tout se reposer. Il changea le bandage de son épaule, nettoya au passage la blessure, puis l'aida à s'installer confortablement. Il posa sa main sur son front pour vérifier qu'il n'avait pas de fièvre, puis, satisfait par son inspection, il déclara d'une voix assurée, presque autoritaire :
"Dormez, c'est ce que vous avez de mieux à faire. Quand vous serez en état, vous me raconterez plus en détail ce qui vous est arrivé. Pour l'instant, je vous interdis de faire quoi que ce soit, même réfléchir. Vous devez vous remettre, dans l'immédiat, et c'est tout."
Ceci dit, il sortit de la pièce après avoir fermé les volets, le laissant dans l'obscurité. Eaxyr n'eut pas trop de difficultés à appliquer ses conseils. Il était épuisé par ses minces efforts. Il ferma les yeux et s'endormit presque instantanément, sans avoir le temps de penser à quoi que ce soit.